La construction de Göttingen au carrefour de l’Europe : enjeux, signification et mise en œuvre
Résumé
Cet article examine le rôle joué par les circulations et les transferts culturels dans la construction du complexe institutionnel qui s’est développé au milieu du XVIIIe siècle dans la ville de Göttingen, située dans l’électorat du Hanovre. Alors que cette bourgade était encore inconnue au début du siècle, la fondation d’une université en 1734, d’une bibliothèque la même année, d’un périodique savant en 1739 ¬et d’une Société des sciences en 1751 lui ont conféré très rapidement une place sur la carte de l’Europe savante. L’organisation d’une circulation dense des savoirs autour de Göttingen, sous la forme notamment de l’acquisition massive d’ouvrages venus de l’étranger par l’entremise de la bibliothèque, a permis au réseau académique de se distinguer dans l’Empire par sa dimension internationale.
À Göttingen, les circulations et les transferts ont été mis au service d’une stratégie locale et d’une volonté politique d’un gouvernement, et ce sont ces deux éléments qui donnaient sens aux mouvements incessants de va-et-vient dont Göttingen a été le point de départ et d’aboutissement. Aucune institution scientifique au xviiie siècle ne s’est développée de façon aussi internationale que la bibliothèque de Göttingen. La carte internationale a constitué un marqueur de Göttingen pendant les Lumières. Donner à la petite ville une dimension européenne a permis en retour de la distinguer dans l’Empire. Parer Göttingen d’une dimension internationale, c’était la doter d’un atout dont ses rivales allemandes ne disposaient pas.