The representation of God in Paul Claudel's drama
La représentation de Dieu dans le drame de Paul Claudel
Résumé
God presented himself to Paul Claudel on Christmas Eve 1886, and since then the author, who was already a poet, has never stopped trying to represent him. To achieve this, he battled during four years of inner struggle following his conversion. He sought to master God. He gave in, like Jacob with the Angel, agreeing to be penetrated by a mystery that surpassed him. He studied, in the patristic and Thomist school. He prayed, in communion with the saints. Eventually he wrote and wrote, trying through his poems and theatrical work to draw the face of this supernatural presence, thus contributing to the divine Revelation. Therefore, it is as a tormented hero and as a clear-sighted poet that Claudel puts God on stage. These both subjective and objective views, which echo the double genitive of the subject of this study, explain the ambivalence of the portrait of God staged in Claudel's theatre. The plays relate the spiritual journey of heroes who meet God through women, who feel wounded and abandoned by him, before understanding that their perception of God was distorted by sin that had dazzled them like Mesa under the midday sun. The conversion of these heroes carries out a change of point of view: by embracing the crucified, enabling to view events from above as Christ would see them, the individual drama is enlightened by the history of salvation and the vision of God is restored in a thorough gaze and divine contemplation. Christ, gathering both divine image and presence, is thus the key to the resolution of the drama. Imitating him, struggling through the night of the cross, the adulterer can become both poet and husband, as the character Don Rodrigue would. He then truly becomes what he is, a living image of God, creator and Spouse. Human beings, whose archetype is Christ, have the power and the mission to "represent" God with a life so united with his own that it actualizes his presence. In this sense, the individual drama is no longer a simple analogy of salvation, but truly an "action" that commits man in this holy history, awaiting the advent of God. Thereby, the theatrical performance becomes a committing action, which gives Claudel's work a theological effectiveness and a catechetical ambition.
Dieu s’est présenté à Paul Claudel le soir de Noël 1886, et depuis lors l’auteur, qui était déjà poète, n’a cessé de chercher à le représenter. Pour cela, il s’est battu, durant les quatre années de combat intérieur qui suivirent sa conversion ; il a cherché à maîtriser Dieu ; il a cédé, tel Jacob avec l’Ange, acceptant de se laisser pénétrer par un mystère qui le dépasse ; il s’est formé, à l’école patristique et thomiste ; il a prié, en communiant avec les saints ; il a enfin beaucoup écrit, tachant par ses poèmes et ses œuvres dramatiques de mettre un visage sur cette présence surnaturelle, contribuant ainsi à la Révélation divine. C’est donc à la fois en héros tourmenté et en poète clairvoyant que Claudel met Dieu en scène. Ce double regard subjectif et objectif, qui fait écho au double génitif du sujet de cette étude, explique l’ambivalence du portrait de Dieu tel qu’il est mis en scène dans le théâtre claudélien. Les drames relatent en effet le parcours initiatique spirituel de héros qui rencontrent Dieu par la femme, qui se sentent blessés et abandonnés par lui, avant de réaliser que leur perception de Dieu était faussée, par un péché qui les avait éblouis comme Mesa sous le soleil de midi. La conversion de ces héros correspond à un changement de point de vue : en embrassant celui de la croix, qui donne une hauteur de vue aux évènements et qui coïncide avec le regard du Christ, le drame individuel s’éclaire à la lumière de l’histoire du salut et la vision de Dieu est rétablie, par un regard ajusté et dans la contemplation divine. Le Christ, en qui image et présence divines coïncident, est ainsi l’élément de résolution du drame. C’est à son imitation, en passant par la nuit de la croix, que l’homme adultère peut devenir à la fois poète et époux, à l’instar du personnage de Don Rodrigue. Il devient alors vraiment ce qu’il est, image vivante de Dieu, lui-même créateur et Époux. L’homme, dont l’archétype est le Christ, a ainsi le pouvoir et la mission de « représenter » Dieu par une vie si unie à la sienne qu’elle actualise sa présence. En ce sens, le drame individuel n’est plus une simple analogie de l’histoire du salut, mais véritablement une « action » qui engage l’homme dans cette histoire sainte, en vue de l’avènement de Dieu. Dès lors, la représentation théâtrale devient elle aussi une action engageante, qui donne à l’œuvre claudélienne une efficacité théologique et une ambition catéchétique.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)